Isabelle Rousset

En effet, après ma thèse, j'avais prévu de partir sur d'autres voies que la recherche. Au détour d'une manif, en 2006, et d'une discussion personnelle, Alain puis Cathou nous ont mis en contact avec Jean-Marc pour travailler sur le projet ANR Multimodalité. J'ai rencontré Jean-Marc sur ce projet et j'ai très vite été incluse dans son équipe avec Ramona, Aurélie V., Maria, Asela, Aurore, Djaber, IsaE, Agnès, Jean-Pascal et Cathou, les équipes de Toulouse et d'Italie. Au-delà de ses capacités de chercheur, j'ai pu, en partageant son bureau avec Jack, partager des moments qui rendent la vie de travail plus forte : faire des après-midi thé avec mes amies étudiantes (Juliette, puis Auriane) que Jean-Marc accueillait comme ses propres connaissances et ensemble refaire le monde avec des discussions syndicales parfois vives, accueillir et discuter avec les étudiantes qui venaient pour le rendez-vous du mardi alors que lui l'avait noté le mercredi ou la semaine suivante, finir les réunions de travail au bar et prévoir les barbecues.

L'implication dans ce projet m'a décidé à tenter ma chance pour rester au Lidilem sur un poste d'IR. Il m'a soutenu dans ce choix et a toujours été là quand je doutais de mes compétences. L'obtention de ce poste m'a permis de continuer à travailler sur son projet et de participer à l'organisation du colloque Multimod à Toulouse en 2009 qui a été un moment important au niveau scientifique mais aussi au niveau personnel.

Nos collaborations se sont poursuivies avec d'autres recueils de corpus (notamment en crèche), les discussions interminables sur les postures des enfants (surtout quand ils avaient peur de lui), les transcriptions et annotations de la multitude de vidéos que nous avions, etc.

Avec Jean-Marc, nous partagions aussi des convictions communes. Nous avons partagé des manifs, des AG, des discussions animées sur l'avenir de l'université, la place des étudiants. Une des anecdotes qui me reste, et lui correspond tant, est son inscription dans une salle de cours du texte 'M. Colletta en grève' lors des mouvements de mobilisations des universités en 2009. La blague est qu'il a écrit au marqueur indélébile et plein milieu du tableau. Le service intérieur a mis pas mal de temps à réussir à l'enlever. Cela lui plaisait beaucoup d'être toujours en grève après la reprise des cours.

Le contact avec Jean-Marc a aussi été initiateur de ma rencontre avec le logiciel ELAN. J'ai ainsi pu intégrer l'équipe nationale de formateurs avec Dominique Boutet et Christophe Parisse. Cela me laisse des souvenirs inoubliablement humains dans l'organisation des formations, les soucis de lecture des vidéos pour cause d'incompatibilité des codecs, mais surtout de fin de formations au bar autour du site Pouchet du CNRS ou autre. Jean-Marc et Dominique partageaient cette vision humaine, joyeuse, partageuse de la recherche. Si au niveau académique, la recherche continue, il me semble parfois difficile de continuer sans eux et leurs regards qui étaient toujours positifs et qui m'aidaient à penser que j'étais à ma place.