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Le 17 mars 2016
Chloé Dubois, Lidilem, UGA
Construction nationale et revendications linguistiques en contexte minoritaire : le cas des Bunjevci de Bačka (Serbie)
Les Bunjevci sont un petit groupe ethnolinguistique sud-slave (serbocroatophone) qui réside dans la région de Bačka, au nord de la province de Voïvodine en Serbie, ainsi qu’au sud de la Hongrie voisine. À travers une approche transdisciplinaire (sociolinguistique, politique, sociologie, histoire, anthropologie), nous tentons de contribuer à la compréhension des rapports complexes entre langue et identité (ethno)nationale en contexte minoritaire. Les Bunjevci peuvent être considérés, selon l’ethnologue serbe M. Prelić (2008), comme un groupe « à l’identité ethnique controversée ou contestée ». En effet, la question de leur appartenance ethnonationale – notamment leur catégorisation vis-à-vis des autres groupes sud-slaves de la région, Croates et Serbes – fait l’objet de débats depuis plusieurs siècles, dans les sphères politiques et scientifiques. Au cours de l’Histoire, ils se sont trouvés en périphérie de divers mouvements d’intégration nationale (hongrois, serbe, croate, yougoslave) qui tendaient à les incorporer. À l’heure actuelle, bien qu’ils soient officiellement reconnus comme l’une des nombreuses « minorités nationales » de Serbie, ce statut leur est formellement nié, de l’autre côté de la frontière, par les institutions hongroises. Leur existence en tant qu’entité ethnonationale particulière est également explicitement contestée par la Croatie voisine, tout comme par les institutions de la minorité nationale croate en Serbie, qui perçoivent les Bunjevci comme des Croates. Ayant obtenu le statut de « minorité nationale » au début des années 2000, les Bunjevci de Serbie – ou plutôt, les activistes nationaux qui les représentent – amorcent un véritable processus de (re)construction nationale dans lequel un rôle primordial est attribué à la langue. La « langue des Bunjevci » (bunjevački jezik), une variété serbo-croate štokavienne ikavienne (autrefois écartée du processus de standardisation de la langue serbo-croate), est aujourd’hui placée au centre des revendications de cette minorité et mise en avant comme un des éléments assurant l’individuation du groupe des Bunjevci vis-à-vis des Serbes et des Croates.
Attention, la présentation de Samuel Vernet, (Lidilem, UGA) est reportée à une date ultérieure, et remplacée par la suivante :
Cyril Trimaille (Université Grenoble-Alpes - Lidilem)
Espaces, mobilité et gentrification. Lutte pour l’appropriation spatiale, résistances, changement sociaux sociolinguistique
La linguistique, et plus encore la sociolinguistique, se sont toujours intéressées aux relations entre les lieux et les espaces d’une part et les langues et les « façons de parler » d’autre part (Johnstone, 2011).
De nos jours, les espaces urbains sont investis d’une valeur et de significations sémiotiques et, à ce titre, peuvent faire l’objet de luttes pour leur appropriation. Ils revêtent également, tout comme les langues ou les variétés linguistiques, une dimension symbolique et, dans certains cas, le fait de vivre dans un quartier donné peut être considéré comme un élément constitutif d’un choix et d’un style de vie particulier.
Le processus de gentrification, défini comme « la transformation d’un quartier central, populaire ou inoccupé, en un lieu résidentiel ou commercial à usage d’habitants de classes moyennes » (Lees, Slater, Wyli 2008 : XV), est une tendance globale qui affecte un nombre croissant de centres urbains à l’échelle mondiale, tant aux plans spatiaux que sociaux mais dont les implications sociolinguistiques sont encore très peu étudiées.
Pour cette présentation, je me propose, à partir d’un travail exploratoire initié à Marseille en collaboration avec M. Gasquet-Cyrus (Trimaille et Gasquet-Cyrus, 2013), de :
cerner le phénomène de gentrification dans ses différentes dimensions, spatiales, sociales, idéologiques et politiques ;
de faire un état des rares études sociolinguistiques qui s’y sont intéressées ;
et, enfin, d’esquisser des pistes théoriques et méthodologiques permettant de prendre la mesure des dimensions sociolinguistiques du phénomène de gentrification.
Références :
Lees L., T. & Slater Wyli., E. 2008. Gentrification. NYC : Routledge.
Johnstone, B. 2011. Language and Place. In R. Mesthrie, Cambridge Handbook of Sociolinguistics. Cambridge : Cambridge University Press. 203-217
Trimaille C. & Gasquet-Cyrus M. 2013. Sociolinguistic Change in the City : Gentrification and its Linguistic Correlates in Marseille. In M. Jones et D. Hornsby, Language and Social Structure in Urban France, Oxford, Legenda, 132-149.
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